Voici livrées, à la Prévert, les notes que j’ai prises lors des interviews des personnes que j’ai rencontrées.
Serge Bergés (matricule 732 à la R.A.P.)
Né le 4 mars 1935 à Aulon
Pour le puits SM 12, le patron du forage était Monsieur Barthe et son chef mécano Monsieur Fourcade (Je l’ai connu à la FOREX et puis, il avait monté une Entreprise de grillages/clôtures dans la région). Tous les jours cet homme passait, devant chez moi, juché sur sa moto “Motobécane” qui avait le levier de vitesses manuel placé sur le côté du réservoir d’essence et où sa gamelle était accrochée.
Et le jeudi, pour passer le temps nous allions sur le chantier pour voir M. Fourcade faire tourner sa machine. Pour indiquer les manœuvres c’est à dire, accrocher les tiges, remonter le trépan, il calait le sifflet de la machine à vapeur avec un marteau et alors les opérateurs montaient sur la plate-forme.
C’est à Aulon qu’a été créée la FOREX et le fils de M. Fourcade y a été chef de chantier.
A côté du puits XII à Latoue il a été construit un stockage d’essence ; mon frère y a été gardien.
A Saint-Gaudens, en haut de la côte de la Garenne, sur la gauche (après les tribunes du circuit autos/motos), il y avait le dépôt de gaz de Saint-Marcet. C’est là que les gens venaient avec leurs camions, leurs voitures et leurs tracteurs faire le plein de gaz. Il s’agissait de remplir les bouteilles de gaz qui étaient placées sur les engins, telles les ‘Traction avant’ de chez Citroën, les 302 Peugeot, etc. Au début, lorsque la C.F.R existait à Peyrouzet, les tracteurs venaient directement à l’usine pour y faire le plein de gaz, ensuite ils sont venus à Saint-Gaudens et je revois le tracteur de M.Torrignan (maire d’Aulon) : un Fordson à essence, transformé pour rouler au gaz.
Mon père, maçon avant de venir à la R.A.P. a participé à la construction de l’usine de Peyrouzet.
Quant à moi, en 1952, avec la Société S.P.I.E. (Société Parisienne d’ Industrie) j’ai participé au démontage du pipe qui allait de Peyrouzet au stockage d’essence à côté du puits Saint-Marcet XII (tu sais en bordure de la route de Latoue, là où nous sommes allés … il ne reste plus rien aujourd’hui !).
Malgré la surveillance étroite des allemands, les maquisards perçaient régulièrement ce tuyau pour s’approvisionner en essence. Les camions passaient devant chez moi, ils arrivaient tous feux éteints et moteur coupé et se laissaient glisser jusqu’au piquage sur le pipe.
Un jour, la vanne bricolée, installée sur le piquage a refusé de se fermer. Et, tu me crois si tu veux, mais l’essence, par les fossés, est arrivée au village, il a fallut fermer la source du village et l’abreuvoir des bêtes. Mais tu sais à cette époque, tout le monde, dans le coin, avait de l’essence par le piquage. Chez moi, le fût de 200 litres était toujours plein!
Autre chose encore, les corps des maquisards tués au Mingué, bien que récupérés par les villageois, sont restés exposés plusieurs jours sous le préau de l’école avant d’être jetés dans une fosse commune ; j’avais 9 ans, cela m’a marqué à vie !
Quelque chose de peu connu, les routes d’accès aux chantiers étaient faîtes en utilisant une main d’œuvre particulière, des ouvriers asiatiques, des prisonniers indochinois qui travaillaient à la pelle, à la pioche et avec des brouettes à bras. Pour se faire de l’argent de poche, ils fabriquaient des statuettes en terre glaise et des bagues dans des pièces de monnaies de 1928/1929 qui, je crois, contenaient un faible pourcentage d’or! Il y avait aussi du troc car ils touchaient des rations de boîtes de sardines que nous leur échangions car nous n’en avions pas pendant cette période de privations. Ils logeaient à Martres-Tolosane … je crois !
La R.A.P., c’était l’avenir ! J’ai commencé comme «domestique agricole’ et j’ai terminé ma carrière sur les forages, au Sahara !
J’ai connu Monsieur de Vries qui était le premier Directeur de la R.A.P. Il habitait avec son épouse et leurs 6 enfants au château de Lasserre de Cazaux et, ma sœur y travaillait. Ensuite, il est parti directeur chez ESSO-REP à Biscarosse.
Mon frère Pierre est rentré à la R.A.P., il avait 15 ans! Ne pouvant pas être titularisé à cet âge, il était employé comme vaguemestre, il portait, avec son vélo, du courrier sur les divers sites et chantiers du secteur.
J’ai failli être embauché à la R.A.P. lorsque j’avais 17 ans car, j’y faisais des petits boulots sur la sonde de Louis Mailhé et Monsieur Fauconet mais surtout, je jouais au rugby et l’équipe de la R.A.P. cherchait un deuxième ligne. En échange de mon accord, la R.A.P. m’embauchait. J’en ai décidé autrement et finalement j’y suis entré, plus tard, à 23 ans. Embauché en 1958, je suis parti sur le forage de Caubon 101, sur un Ideco H40, à Levignan de Guyenne où mon maître sondeur, Monsieur Kraut était un ancien de la saga de Saint-Marcet! (Un peu d’humour alsacien : Kraut avec un “K” comme “Krenouille” !) Puis, toujours sur des appareils de la R.A.P., un Emesco 1250, je me suis retrouvé sur Lacq 117 à Os-Marsillon avec les maîtres-sondeurs Chouraut et Schinger, ingénieurs à la R.A.P. et sur le 112 à Gouze et le 133 à Mont (puits prévu pour traverser la couche).
J’ai revu Louis Mailhé qui était Chef de forage à la Grande Paroisse en Seine et Marne. A l’époque de Saint-Marcet, ce juriste qui avait fait des études pour être avocat s’est retrouvé maître-sondeur à la R.A.P. et il habitait sur le chantier de Saint-Marcet alors que son adjoint Fauconet habitait une villa au village.
La R.A.P. avait son centre de formation à Saint-Marcet pour former des techniciens du pétrole. Tous les maîtres sondeurs venaient de Pechelbronn et allaient parfaire leur formation à Houjda au Maroc (près de Meknès). La R.A.P., pour avoir des maîtres-sondeurs, des chefs de chantiers et des seconds formés a fondé son école, dans la cantine qui existait à Aulon. Cantine tenue par M et Mme Jacquemin qui a laissé sa place à la bascule municipale, qui, elle aussi, a, aujourd’hui, disparu!
Personnellement, j’ai eu comme instructeur M.Isoard alors jeune ingénieur à la R.A.P. ainsi que Monsieur de La Jarte.
Il est dans l’histoire de Saint-Marcet, mais cette histoire se passe plus tard. Voilà, et c’est vrai, il y avait un maître sondeur qui s’appelait Jacques Hitler et son frère se prénommait Jean. Les deux frères ont travaillé sur Saint-Marcet. Les deux frères Jacques et Jean travaillaient à la R.A.P. et l’un, Jean a pris le nom de son épouse pour s’appeler Monnot tandis que l’autre, Jacques, à gardé son patronyme Hitler (ce qui ne l’empêchait pas de parler notre patois). En 1957, Jacques travaillait sur l’appareil Frank qui forait du côté de Lannemezan et, rentrant à son hôtel, il brûle un Stop à un croisement routier et se fait arrêter par la maréchaussée. Comment vous appelez-vous? Hitler! Vous vous moquez … et, la situation s’envenime à tel point que les gendarmes croyant avoir affaire à un déséquilibré échappé de l’hôpital psychiatrique l’enferment à l’hôpital psychiatrique de la demi-lune à Lannemezan. La patronne de l’hôtel ne le voyant pas venir, ni le soir, ni la nuit, ni le lendemain va aux nouvelles à la Gendarmerie du canton d’Aurignac (31420) où est situé l’hôtel. Après explications, le malheureux a été relâché … sans changer de nom!
Avec, Serge, nous avons en juin de cette année visité presque tous les anciens sites de la région de Saint-Marcet, Aulon, Latoue pour voir dans quel état ils sont aujourd’hui… des friches industrielles !
Denise Lacan (agent R.A.P. de 1947 à 1950 puis à la S.S.M./Pau) :
Née en 1930 à Latoue.
Ce puits là, SM1, il est sur la commune de Latoue d’après le cadastre. Le Pinat n’est qu’un lieu-dit de Latoue, mais, il y eut, disait-on à l’époque, des interventions politiques pour que les puits du secteur s’appellent Saint-Marcet I !
Et ce puits, je le voyais bien de chez moi car, la colline part de Latoue, grimpe jusqu’au Pinat, enfin jusqu’à Sainte Radegonde (là où se trouve le cimetière de Latoue), puis on descend d’un côté vers Saint-Marcet et de l’autre vers Aulon.
Mon père, René-Marie Lacan, a travaillé sur ce puits et sur tous les puits alentour. Il était entré à la C.R.P.M. avant d’arriver en 1939 à la R.A.P. où il devait être parmi les premiers embauchés pour finalement, plus tard quitter l’entreprise et reprendre son ancien métier de charron.
Il a commencé sa carrière comme accrocheur pour finir maître-sondeur. C’est une machine à vapeur qui fournissait l’énergie, mon père y a travaillé aussi avec le chef mécano Fourcade.
Il travaillait en 3X8, c’était un travail très physique, heureusement il était rude, comme tous les ouvriers du coin! A cette époque, les gens étaient tellement contents d’avoir du boulot qu’ils travaillaient en se donnant à fond, fi du casque (celui de mon père est encore tout neuf!), fi des gants, pas de maladie professionnelle, pas d’arrêt de travail …il fallait travailler, travailler et encore travailler, pour garder son emploi !
Aulon était le centre où vivait l’élite. L’élite c’était des ingénieurs et les maîtres sondeurs alsaciens. Ils vivaient tous à Aulon. Il me revient quelques noms: Roth, Reinagel, Schinkel, Kraut, Edouard Dapp (dit Popeye), Kocher qui étaient, maîtres-sondeurs.
Ils animaient la vie de la localité, surtout le bistrot où la bière coulait à flots et certains donnaient des cours au centre de formation d’Aulon qui plus tard a été délocalisé dans les Grands Bureaux à Boussens pour finir en Centre flambant neuf sur la colline du Pradet à Boussens (Centre André Bouillot). Nous, à la sortie de l’école, nous passions les voir car l’un ou l’autre avait toujours besoin de tabac que nous courrions chercher au bureau de tabac contre une piécette !
Saint-Marcet IV ? Oh là là ! C’était gigantesque, quel brasier! On voyait ce feu de partout, çà soufflait, çà brûlait, ça sentait mauvais!
Ils ont colmaté le puits avec l’aide de l’armée.
De chez moi j’entendais parfaitement le bruit que faisait l’accrocheur lorsqu’il manipulait les tiges. C’était, disait-on à l’époque, des bruits de forage!
La R.A.P. avait des bureaux à Toulouse, moi, j’étais la secrétaire de Monsieur de Vries, Directeur du Gisement de Saint-Marcet. Son bureau était à la R.A.P., rue de la République à Saint-Gaudens et tous les jours j’allais récupérer ses enfants au château de Lasserre de Cazaux pour les amener à l’école.
De 1947 à 1950 j’ai travaillé à la R.A.P. ou j’ai connu M.Boiage, M.Coulaty, M.Amiely, etc.
J’allais au boulot en faisant du stop! Alors après j’ai été mutée à Boussens. J’ai travaillé, chez M.Ballaruc, à ce qu’on appelait, l’Usine, car il y avait des pointeuses, mais en fait, c’était un vaste parc de stockage du matériel de forage avec quelques hangars et des bureaux.
La vie a été complètement changée avec l’arrivée des foreurs, des pétroliers comme on les appelait. L’encadrement venait d’ailleurs mais toute la main d’œuvre était du coin. Les gens abandonnaient, certains pour un temps, leur métier (agriculteur, maçon, charron, etc.) pour travailler sur les sondes et mieux gagner leur vie!
Michel Bignon (agent S.N.G.S.O. a vécu, à la cité du Pinat).
Né en 1935.
En 1944, mon père, infirmier militaire est démobilisé à Saint-Gaudens et il entre à l’hôpital de Montréjeau où nous élisons domicile. Puis il est embauché à la R.A.P. comme infirmier et nous arrivons à Saint-Marcet où je fréquente l’école primaire du Pinat.
Il y avait des cours du soir ouverts à tous. L’instituteur, aidé des agents de la R.A.P., donnait des cours ou du moins des explications sur ce qui se passait dans le bassin pétrolier. A 9 ans j’avais été passionné par l’usage que les foreurs faisaient des boues, c’est là que j’ai appris la densité des boues, l’injection dans le puits pour équilibrer les pressions (150 kg/cm2 à Saint-Marcet).
Saint-Marcet IV ? Quel brasier! Cà soufflait, çà brûlait, ça sentait mauvais! Jour et nuit tout était éclairé!Il reste encore debout le mur pare-feux.(Hélas non, un habitant de l’endroit, nous a lors de notre visite avec Serge, informé que le mur venait d’être détruit !)
De chez moi, j’habitai à 50 mètres de SM1, j’entendais parfaitement le bruit que faisait l’accrocheur lorsqu’il manipulait les tiges et j’ai donc connu le bruit de la machine à vapeur venue de Pechelbronn, puis celui du diesel et enfin celui du moteur électrique.
Parce qu’on en parlait partout et que je lisais, à la maison, la «revue technique de forage», je me souviens de tous ces engins qui passaient devant notre maison. Par exemple les ‘biquettes‘ ces petites sondes très mobiles montées sur un camion, le camion Halliburton équipé spécialement pour la cimentation des puits (conduit par Monsieur Ayerbe), la grue ‘Lorraine‘, la seule dans le département (conduite par Monsieur Munoz), le camion sonde Franck (conduit encore par M.Ayerbe) et puis toutes les sondes Ideco H20, H30, H40. Aussi la jeep de Monsieur Pierre Jonquiert (Ingénieur du Service Production), conduite par son chauffeur Hippolyte Blanc. Puis moi, c’est surtout du S.N.G.S.O. dont je me souviens ; c’est là que j’ai travaillé ! En France, le producteur ne peut pas livrer directement son gaz aux clients, il faut un transporteur, alors création du S.N.G.S.O.
Gaz de France avait ses usines à gaz de houille dans pratiquement toutes les villes de France et n’était pas intéressé par le gaz naturel. Donc, la R.A.P., surtout pour alimenter l’O.N.I.A. à Toulouse depuis Boussens, crée S.N.G.S.O. (70% R.A.P. et 30% G.D.F.)
Deux souvenirs d’enfant concernant le maquis :
-c’est mon père qui, avec un paysan, a récupéré les maquisards survivants de l’embuscade du Mengué pour les amener, assez loin de ce lieu, cachés dans un tombereau de foin. C’est un peu flou, mais on a enterré 4 cercueils pour 3 morts, parcequ’on devait faire croire à l’occupant qu’il y avait 4 morts ?
-c’est mon père qui a exhumé, à la libération, les corps des maquisards pour les replacer dans le caveau de la R.A.P. et il m’est resté longtemps en mémoire olfactive l’odeur de ses vêtements!
Je me souviens de ce chantier de Saint-Marcet, il y avait 5 à 6 puits conduits en même temps, car il fallait aller vite! Enfin, il y avait plusieurs chantiers ouverts en même temps sur le bassin. Certains puits duraient 3 semaines ou 1 mois, il fallait faire vite pour délimiter le gisement; c’étaient des puits d’exploration! Et bien, les gens étaient si nombreux qu’il n’y avait pas assez de baraquements pour les loger, lorsqu’un ouvrier prenait son quart, celui qui venait se reposer prenait son lit. Comme dans un sous-marin!
La vie a été complètement changée avec l’arrivée des pétroliers ; la R.A.P. embauchait à tout va pour mettre les gens à l’abri du STO! Il devait y avoir environ 2.500 personnes à Aulon!
Mon père était infirmier à la R.A.P. :
- le matin il partait sur les chantiers La sécurité et les soins étaient donnés au plus prés, c’est à dire directement sur les puits, les chantiers. Il y avait un service de ‘pompiers’ qui disposait d’une ambulance récupérée à l’armée et, mon père circulait soit en ambulance, soit en stop en arrêtant un camion de chantier ou alors à pieds!
- et l’après midi, il pratiquait à l’infirmerie de Saint-Marcet, il soignait la population locale qui savait être reconnaissante au moment de Noël!
On commençait à parler de «Pathologie du pétrole’ (voir annexe).
Je me souviens du maître-sondeur Zugmeyer, j’allais sur les chantiers, il y était! Son adjoint était Maurice Bourdage (fils du boucher d’Aulon et marié à l’institutrice de Saint-Elix-le-Château); et c’est lui qui, plus tard, m’a fait rentrer au S.N.G.S.O. à Boussens.
Robert Garrés (agent R.A.P.)
Né à Aulon en 1926.
J’ai été employé par la R.A.P., en 1943, j’avais 17 ans. La société ne pouvait pas m’embaucher alors j’étais occupé à faire des relevés de cadastre. Puis, dès que j’ai eu 18 ans, j’ai été embauché.
Jean Lafforgue (agent de la R.A.P.)
Né à Aulon le 18/11/1919.
J’ai été employé par la R.A.P., en 1944, après mon service militaire. Je suis rentré au service Sécurité de la R.A.P.
Côté sécurité, on a eu Armand Sancebé blessé sur SM1 car à l’époque les outils n’avaient pas de carter sur les cardans et il a été happé et c’est le père Bignon qui lui a donné les premiers soins. L’infirmier se déplaçait souvent à moto, derrière Dupont qui conduisait, c’était périlleux dans ces chemins mais ils n’ont jamais eu d’accident ! Le Dieu des pétroliers devait veiller sur eux !
Sur les photos on voit les foreurs en sabots, sans casque et vous me parlez de sécurité !
Oui, mais mon rôle était de les sensibiliser à la sécurité, port des chaussures, casque, salopette de travail, etc. Sans grand succès ! Pourtant on tenait des réunions de Sécurité et j’ai même appris aux agents à se servir des extincteurs !
La chance était quand même avec nous
Je me souviens de deux cas :
-il fallait chauffer le gaz à la sortie avec des grosses chaudières à vapeur. La pompe de Mengué est tombée, pour une raison inconnue, en panne et le pipe s’est ouvert en pleine route …il a été réparé sans tambour ni trompette,
-sur une purge, impossible de refermer la vanne, le ruisseau du Pinat était plein d’essence. En aval, Frédéric Perbost brûlait de l’herbe. Lorsque l’essence est arrivée sur les braises, tout le ruisseau s’est embrasé. L’incendie n’a pas résisté à mon canon à mousse car j’habitais en face et que je suis intervenu immédiatement !
L’infirmerie du temps de Bignon était dans une baraque à côté du ruisseau «Le Pinat’, face aux bureaux. Ensuite elle a été aménagée dans le bâtiment en dur en haut de la cité du Pinat dans un chalet à côté de la cantine.
Au début, l’ambulance, c’était un «dodge’, récupéré à l’armée. Ensuite, la Régie a acheté deux ambulances, l’une pour Boussens, l’autre pour les chantiers.
Heureusement que sur SM 4, l’accrocheur, Bernadet, était descendu. L’ingénieur à eu le temps de plonger dans le bac à boues quant aux autres ils ont été surpris sur la plateforme.
A 3 ou 4 km de SM 4, on pouvait lire le journal, la nuit, à la lueur de l’incendie. Ce qui m’a aussi marqué ce sont ces nuées de papillons qui, attirés par la lueur, venaient se jeter dans le brasier. Des gros papillons !
Pourquoi le dégazolinage a-t-il été implanté à Peyrouzet ?
Parce que c’était un endroit central et proche des puits !
La vie était moins facile sous l’occupation, il y avait la peur car lorsque le site de Saint-Marcet a été occupé, il l’a été par des mongols encadrés par des allemands. Ces mongols, des fous, des barbares se souvient Mme Lafforgue. J’étais enceinte de mon fils lorsqu’ils ont fait irruption dans ma cuisine. Ils cherchaient des moutons et me regardaient d’un air méchant car je n’avais pas de moutons. Heureusement qu’ils étaient avec deux allemands qui ont palabré avec eux et ils sont partis. Je suppose que ce jour là, je l’ai échappée belle !
Pour l’alimentation des agents, la «Coop’ faisait ce qu’elle pouvait ! (voir le chapitre “Deuxième partie”).
Certains allemands étaient sympathiques comme le dit Serge Bergés. En décembre 1944, les allemands ont donné de l’essence à l’ambulance qui l’a amené de l’école à l’hôpital de Saint-Gaudens où le docteur Bergez l’a opéré de l’appendicite.
Les agents de la R.A.P. mettaient des buses en bas des «tubings’ pour réduire la production à 20% au lieu de 100%. L’occupant n’y a jamais rien vu et après leur départ, on a libéré les puits !
Sous l’occupation et après, on circulait beaucoup en vélo. Lorsque le pneu était usé, on en cousait un, aussi usagé par-dessus. Certains faisaient des rondelles en caoutchouc reliées en leur milieu par une ficelle et on montait le tout sur la jante et, ça marchait !
Et bien mais à la S.N.P.A., il n’y avait plus de pognon, alors c’est la R.A.P. qui a mis 100 millions dans la caisse … il faudrait le dire !
Quand même, de son début en 1940 à sa fin, le gisement aura produit pendant 60 ans !
Monsieur Osmin Larrey (agent R.A.P.)
« J’ai commencé à 17-18 ans. En 1939, j’étais manœuvre à la sonde numéro 1. Mais j’y suis resté qu’un an. Il y avait trois ou quatre jeunes de Saint-Marcet comme moi. Mais plein d’autres personnes de toute la France se souvient Osmin, 87 ans ! » L’octogénaire est l’un des pionniers des tout débuts de l’extraction gazière au sein du premier gisement découvert en France. Il taira la pénibilité des premières heures d’un ouvrage ardu. Il se souvient : « Devries et Bernadac étaient à la Direction, Guillot ingénieur, Kraut, Iltis et Pernau maîtres-sondeurs ». Ces douze mois passés au gisement de Saint-Marcet ont constitué pour Osmin le coup d’envoi d’une carrière internationale au sein de l’extraction pétrolière : Sahara, Libye, Iran, Gabon, etc. »
(La République des Pyrénées du vendredi 11 septembre 2009)
Monsieur Boisneau (agent R.A.P.)
Se souvient de quelques anciens :
Mailhé, Fauconnet, Bourdages Maurice (d’Aurignac), Vialas Lucien, Solles René, Blanc Hyppolite, Danos (de Cassagnabère), Montaut (de Latoue), Cieutat Marcel (de Saint-Marcet), Douat, Martin (de Saint-Martory), Trescazes, Fages, Missio, Rey (de Saint-Martory), Lafforgue Gaston (d’Aulon), Sport (de Blajan), M et Me Dumay Gaston (de Saint-Gaudens).
Et combien d’autres ?