Hier, certains s’étaient interrogés lorsque le chef timonier d’alors avait laissé aller le bateau sur son erre au beau milieu des écueils.
En ces temps troublés, les échanges entre le commandant de bord et les syndicalistes étaient d’un niveau élevé sur l’échelle de Beaufort car il fallait ferrailler dur pour sauver le maximum de meubles !
Mais le pacha, enfermé dans sa vigie, tenait fermement la barre pour pouvoir naviguer encore quelques miles sans s’embarrasser ni des élus syndicalistes, ni des représentants de l’Etat ’’ ?
Tenez, pour illustrer ce propos, je risque une anecdote :
«Lors d’un comité de groupe Elf, une organisation syndicale se réclamant de l’encyclique Rerum Novarum s’est laissée aller à dire qu’il valait mieux être capitaine d’industrie que banquier ou énarque pour conduire le tanker pétrolier !
Quoi, une mutinerie à bord !
Ces outrecuidants se rebiffent, les sermons étant stériles, punissons-les ! Et voici nos collègues, nos amis, condamnés aux fers, en fond de cale et, à chaque réunion, le dit PDG saluait fort civilement tous les membres qui y siégeaient sauf nos collègues mutins. Ils sont passés à ceux doigts du port de la cilice !»
Et ben na, sans doute une ‘’patron attitude !
Aujourd’hui, d’aucun se demande s’il y a un pacha dans le gaillard d’avant ou d’arrière, c’est selon !
Les collaborateurs d’aujourd’hui sont tracassés d’apprendre que nos amis de Doha injectent de plus en plus de riyal qatari dans les tuyaux de TOTAL (même si ce sont des dollars), jugez plutôt :
- le 10/06/2013 : le Qatar annonce que sa participation au capital de TOTAL avoisine les 5% (4,8 d’après les experts),
- le 27/12/2013 : le Qatar annonce que Qatar Petroleum International (QPI) entre dans le capital de Total E&P Congo à hauteur de 15%,
- QPI annonce 20% de participation sur un projet avec TOTAL E&P Mauritania sur 2 blocs,
- etc.
Damned, mais où va TOTAL ?
Ces collaborateurs anxieux se demandent s’ils ne vont pas être délocalisés de la Tour Coupole à l’Aspire Tower ? Sans doute craignent-ils de vivre dans l’espèce de smog qui, de temps à autre, baigne le sommet de cette tour qui culmine à 318 mètres et domine de 139 mètres la tour de Courbevoie et trouble la lisibilité de l’avenir de tout un chacun.
Mais que voici, que voilà, que de petits encarts dans la presse régionale et nationale (et même une vidéo sur la toile) nous relatent un fait saillant :
« L’escarmouche entre un député pyrénéen de la vallée d’Aspe et le PDG de TOTAL. En effet, lors d’une rencontre, dans une salle de l’Assemblée nationale, où la commission des affaires économiques d’icelle procédait à l’audition du patron du groupe pétrolier, le climat des échanges s’est révélé plus tonique (encore l’échelle de Beaufort) qu’à l’accoutumée et les parlementaires ont été surpris qu’un PDG d’une entreprise nationale puisse décider de ne plus leur répondre ! »
Mais voilà que du coup, les collaborateurs sont rassérénés, il y a bien un pacha dans le gaillard !
Et un pacha qui tient fermement la barre en navigant sans s’embarrasser ni des élus syndicalistes qu’il ignore la plupart du temps ni d’un élu de la Nation qu’il veut ignorer !
Et ben na ! Pas de discrimination, c’est la ‘patron attitude’, une vieille coutume patronale, semble-t-il !
Demain, y aura-t-il un amiral issu du corps1 (Polytechnique, Mines) dans le gaillard ?
Cette idée d’un chef ayant le bon label hantera à nouveau, comme au début de la SNPA, les coursives et les entreponts du bâtiment.
Pourquoi ?
Parce que, entre autres, le mouton noir2 clame dans les médias qu’il faut sortir les entreprises de l’énarchie3 !
Bon, pas de patron énarque, c’est d’accord.
Mais toujours un amiral qui tient bon la barre du vaisseau en :
- veillant, du haut de la hune, à ce que son escorte de l’état-major soit efficace et lui permette de contrecarrer immédiatement des manœuvres sournoises de remorqueurs qui voudraient touer notre bateau dans des eaux qui ne nous sont pas favorables,
- faisant confiance à ses partenaires sociaux qui ne manqueront pas de faire retentir la corne, de brume si besoin est ! Ca, c’est un scoop !
Et ben na, ce n’est plus la ‘’patron attitude’’ d’antan ! Faut bien rêver !
A suivre …
1 : Le label : Polytechnique + Mines, le Groupe a bâti sa renommé avec ces ingénieurs issus du corps et les énarques en étaient quasiment absents de S.N.P.A. et Elf (création de l’ENA en 1945 par Charles de Gaulle)
2 : Loïk le Floch Prigent « Le retour du mouton noir », interview de Marjorie Paillon dans
l’Envers de l’Echo. Un des tous premiers PDG à ne pas être issu du corps , ce surnom lui a
été donné par le Président François Mitterand.
Il faut , dit-il, des gens qui vivent le produit et donc, il faut utiliser des ingénieurs, des techniciens, formés dans nos écoles techniques mais pas des gens formés pour la haute administration. Ces gens compétents et motivés se battront partout où cela vaut le coup de défendre un produit car l’économie ne pourra redémarrer qu’avec une industrie florissante
3 : Pour information, je citerai la conclusion qui se dégage de l’enquête annuelle, publiée dans le Monde et Valeurs actuelles, menée par l’Institut Opinionway et le Centre de Recherche Politique de Sciences PO, intitulé ‘’Baromètre de la confiance politique’’ : « Les Français ne veulent plus être gouvernés par les énarques » et, par extension on peut rajouter que les entreprises non plus !