“We want sex equality”

Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre des solidarités et de la cohésion sociale vient d’annoncer la parution, en avril 2011, de trois décrets destinés à inciter les entreprises à s’attaquer aux inégalités hommes / femmes.

A partir du premier janvier 2012, les entreprises de plus de 50 salariés qui n’ont pas publié de plan d’action pour résorber ces inégalités, seront sanctionnées financièrement !

Ces trois décrets concernent :

  • les modalités de suivi des plans d’égalité professionnelle dans ces entreprises,
  • les indicateurs et les objectifs qui seront soumis à publicité,
  • les sanctions financières.

Sur le sujet, un excellent tract du SICTAME, parut en mars 2009, nous informait que chez TOTAL SA, selon une étude APEC du 20/11/08, la situation était la suivante :

  • 22% d’écart brut sur les salaires (hors effet de structure, il tombe à 7%),
  • 5 hommes cadres pour 1 femme cadre,
  • 6 cadrations d’hommes pour 1 cadration de femme,
  • 79% des emplois à temps partiel occupés par des femmes,
  • majorité de salariées femmes dans les métiers traditionnellement féminins et moins côtés (secrétaires, assistantes, RH …),
  • l’écart des salaires des cadres femmes évolue moins que celui des ETAM,
  • une répartition de 14% des hommes a des coefficients <290 et 11% des femmes a des coefficients >290 et ce sur des postes non pesés et sans NP.

Et depuis, dans la maison TOTAL, quelles sont les nouvelles ?

Des réunions de négociations se tiennent, avec plus ou moins de bonheur, on ergote sur le périmètre de la ‘négo’, on ergote sur certains articles de la CCNIP, etc.

  • et voilà qu’il se trouve un jugement de 2004 sur les négociations salariales qui permet de négocier au périmètre de la NAO (Cahiers oct/nov 2009) … pratique car si les ‘négos’ sur les salaires capotent, on ne parle pas de l’égalité homme/femme !

Le SICTAME a insisté sur ce point pour savoir si TOTAL était sûr de son droit et on peut lire dans les Cahiers qu’à la réunion du 14 janvier 2010, la direction appliquait la loi et que Total était sur ce point irréprochable !

  • et voilà que se greffent les dispositions européennes qui confirment le principe d’application générale de l’égalité homme/femme face à tous les dispositifs existants : conventions collectives, code des assurances, etc.

A ce propos, je ne sais pas si on est toujours gagnant/gagnant quand j’apprends que les conductrices françaises qui, statistiquement ont moins d’accidents que les hommes, verront, en principe du droit d’égalité,  augmenter leur cotisation assurance auto … Hausse déjà annoncée par la Macif ! (Jean-Luc de Boissieu, secrétaire général du groupement des entreprises mutuelles d’assurance, le GEMA, confirme que cette jurisprudence oblige les assureurs à construire un tarif unique !)

Donc, c’est OK, le SICTAME est présent dans les négociations et ses représentant(e)s sont à même de faire avancer le smilblick !

Nos collègues, nos compagnes, nos amies n’auront pas à faire, comme au siècle dernier, la « Grève en jupons »  symbolisée par la bannière « We want sex equality ».

En effet, en juin 1968, chez Ford à Dagenham en Angleterre, les 187 ouvrières couturières employées au montage des sièges, délaissées par les syndicats de l’époque, sont entrées en révolte pendant 3 semaines pour défendre leur cause : égalité de salaire avec celui des hommes de même niveau de qualification car, elles étaient payées 15% de moins que les hommes !

Ces ouvrières, rassemblées en « armée des jupons » (petticoat army) iront manifester à Londres pour rencontrer Barbara Castle qui, à partir de 1964, lorsqu’elle sera dans le gouvernement Wilson, oeuvrera pour l’égalité salariale homme/femme. Bon bref, cette armée en jupons défile à Londres sous les vivats, les rires et les coups de klaxon des automobilistes car leur banderole était mal déployée, seule était lisible la partie « We want sex ».

Evidemment c’était cocasse mais enfin elles ont obtenu un salaire égal à 92% de celui des hommes, l’usine Ford rouvre ses portes mais,  il faudra une nouvelle grève de 7 semaines en 1984 pour obtenir la parité salariale … 26 ans après la naissance de leur mouvement !

Espérons que chez TOTAL, la Direction ne va pas tergiverser pendant autant de temps et comme chez nos voisins faisons notre cette volonté : ‘Equal pay for work of equal value ! »

 

A suivre …

Pour illustrer mon propos, j’ai emprunté la banderole de la Comédie « We want sex equality » de Nigel Cole avec les acteurs Sally Hawkins, Miranda Richardson, Bon Hoskins.

NAO : le protocole d’accord du 16 décembre 2008 relatif aux salaires 2009 s’applique aux salariés des Sociétés Total SA, Total Raffinage Marketing, Total Lubrifiants SA, Total Additifs et Carburants spéciaux et Elf Exploration Production SAS.

Malgré l’article L3221-2 du Code du travail « Tout employeur assure, pour un même travail ou pour un travail de valeur égale, l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes », les écarts de salaire subsistent de nos jours !

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