Au XVème siècle, à Pechelbronn, ‘Gé’ eut quelques pertes d’huile, mais il fallut attendre le 14 juillet 1939 pour qu’elle accouche du gisement de Saint-Marcet. Une naissance est toujours un bouleversement, mais là, l’événement tant attendu révolutionna industriellement, économiquement et socialement la région du Comminges et au-delà.
A tel point que les gaillards du Comminges y perdirent un peu de leur bon sens paysan en côtoyant une race nouvelle, celle des pétroliers !
Il est certes vain de refaire l’histoire, mais on ne peut s’empêcher d’imaginer ce qui se serait passé si Saint-Marcet 1 avait été placé 300 mètres plus au sud, à l’emplacement où a été foré SM2, car SM2 s’est avéré négatif !
Oui, un pari audacieux de géologues un peu visionnaires qui travaillaient sans avoir les moyens techniques d’aujourd’hui ! C’est tout juste si l’on n’en était pas resté aux appareils de Courrier ou de Régis dont la différence entre eux était que le premier suspendait la caisse à son cou et que le second la faisait porter par sa femme ! (Sans doute un pas vers l’égalité hommes/femmes ?)
Enfin bref, Saint-Marcet est découvert. Mais pourquoi Saint-Marcet ? Car, c’est sur la commune de Latoue, que jaillit au ciel la superbe flamme du 14 juillet 1939 ! Et bien, d’après le Journal de Saint-Gaudens de l’époque :
• « à Aulon et à Latoue, les deux maires sont socialistes,
• à Saint-Marcet, le maire est radical-socialiste, comme le député ; c’est donc là que ce dernier se rendra,
ainsi, fût dénommé ce gisement ! »
Comme déjà dit, ce fût la révolution dans le secteur, mais ce Far-West français connut aussi quelques problèmes si l’on se réfère à la Dépêche du midi : « … Pourtant, si nous, allions simplement armés d’un vilebrequin percer seulement un trou dans le plancher du bureau du directeur général de la R.A.P., nous serions traduits séance tenante en correctionnelle alors que lui, prend la liberté, sans nous demander notre avis, de forer un puits de pétrole dans notre propriété, ce qui équivaut au percement d’un coffre-fort, il a droit à la légion d’honneur ! »
Et au-delà des tracasseries, une belle solidarité entre gens de la R.A.P. : « le personnel féminin, réuni en A.G. a décidé, à l’unanimité, de répartir, dorénavant, parmi le personnel masculin, la totalité du tabac auquel il a droit ! »
Et le syndicat ? « Aussitôt après la Libération, le mouvement syndical, qui avait été mis sous le boisseau pendant l’occupation, prit une brusque et considérable importance. Le ralliement d’un grand nombre de salariés et parmi eux des Cadres et Ingénieurs, montre bien l’intérêt grandissant pris par tous aux questions sociales », d’après la CR du CE de la R.A.P. en 1945.
Et les oeuvres sociales : les enfants, de la R.A.P., pourront aller à la mer, le CE vient d’acquérir un terrain à Capbreton pour y installer une colonie de vacances. C’est-y pas cette ‘colo’ qui a été vendue par les CE actuels de l’amont de Total ?
Et puis, requinquée de ses couches et pour ne pas laisser le frère aîné seul, ‘Ga’ accoucha de Lacq en 1949 !
Et, pour finir, peut-être un texte qui, selon les témoins que j’ai pu rencontrer à Saint-Marcet, Aulon et Latoue, résume au mieux l’esprit qui prévalait à la R.A.P. à cette époque :
« Si, chez le Chef, les subtilités mathématiques, techniques ou administratives cèdent le pas à l’observation des ouvriers et à l’amélioration de leurs conditions de vie matérielle et morale, il en naîtra une cordialité qui facilitera le règlement des intérêts, le respect des droits, des devoirs et l’augmentation des résultats. »
Raoul Dautry ‘Métier d’homme’ Plon 1936
(Polytechnicien, Directeur de la SNCF, Ministre …)
Voici livré à vous, ce modeste édito, dont le seul but est de vous inciter à lire
le Cahier spécial SICTAME : les 70 ans de Saint-Marcet.