Bonne année Christophe !

Ah, le pauvre Directeur général de Total ! Christophe, était rubicond pour franchir le Rubicon et jeter toute son énergie dans l’annonce, télévisée, du plus gros profit jamais réalisé par un groupe industriel français.

Pensez, avouer 13.9 milliards d’euros, en pleine déconfiture bancaire, boursière, industrielle, économique  et même morale c’était, tel Jules César, exposer TOTAL et ses troupes non pas au Sénat mais à la vindicte populaire , mais « Que soit jeté le dé ! »1

En ce  début d’année, conseillons lui, pour se refaire une santé d’adopter la Zen attitude (voir la caricature  jointe) en plus de la Total attitude !

Et comme l’année démarre, à lui, comme à vous, donc à vous tous, le syndicat SICTAME-UNSA-TOTAL souhaite une :

« Bonne et chaleureuse année 2009 ».

Et de plus rassurons, Monsieur le Directeur général,  car :

  • à l’opposé d’un journal satirique paraissant le mercredi et faisant dire à sa caricature « J’essaierai de faire moins bien la prochaine fois !… », et encore « avec ces profits records, TOTAL risque de se faire taxer son carburant » … tellement il y a de candidats pour toucher du carbure !
  • le SICTAME, déclare que ce résultat est une excellente nouvelle.

Et,  nous applaudissons des deux mains ; c’est bien, très bien,  qu’une entreprise française, et en plus la nôtre, gagne de l’argent et donc, pas de haro sur le vainqueur !

C’est quand même mieux que le sieur Madoff, avec sa pyramide financière, qui a assommé le monde financier avec ses pertes pharaoniques évaluées à 50 milliards de dollars.

Mais quand même, pour reprendre un thème de la  manifestation  paloise du 29/01/09 :

« My Banquier is rich bat I’am a poor lonsome salarié ! » (On peut aussi y inclure le retraité !), il faudrait Monsieur le Directeur général, regarder le ‘magot’ (terme impropre mais utilisé par les médias)  avec des yeux nouveaux.

Certes, TOTAL reste un gros contributeur en matière d’emploi … « c’est normal quand on gagne de l’argent », auriez-vous déclaré. Ce qui me laisse à penser que vous avez les moyens disponibles pour que le Groupe soit contributif dans plusieurs secteurs.

Bien sûr, les salariés du Groupe ne seront pas oubliés puisque 109 millions devraient leur être reversés, encore que cela ne représente que 0.8% des profits alors que le Président de la République parle d’une répartition au tiers.

Quoi, combien dites-vous, docteur ? Mais, 33, 33, 33%. Oh là, là, mais c’est grave Docteur, car, chez TOTAL c’est plutôt un facteur multiplicateur égal à 3 qui était employé, jusqu’alors,  pour servir des dividendes aux actionnaires (entre 2000 et 2008). Alors donc, maintenant, il faut que TOTAL intègre la division par 3, comme un bon élève qui a réussi et qui passe du cours élémentaire au cours moyen ! Mais ce n’est qu’une remarque et loin de moi l’idée d’opposer salariés et actionnaires et ce, d’autant plus, qu’il y a des actionnaires-salariés.

Non, je souhaiterais simplement que l’on dépasse ces questions d’actions, d’intéressement, de participation qui contribuent  à faire perdurer, sur la tête des collaborateurs TOTAL,  le qualificatif de « seigneurs de la classe ouvrière » distribué avec mépris  et une pointe de jalousie aux employés de la SNPA, par ceux qui n’y étaient pas !.

Oui, bien que les entités TRD SA et TRD Association (TOTAL Développement Régional) aident le tissu national/régional/local, en soutenant des PME, il faut que TOTAL mette en place une vraie politique de solidarité nationale : embauches (en 2008, TOTAL a réalisé 9.000 embauches dans le monde, d’après le Directeur général, il peut faire mieux), prix des carburants, aides diverses à la collectivité via une Fondation.

Les retraités de Total pourraient, par ce biais d’une Fonadation, avoir des retombées des fruits de la croissance de leur ancienne entreprise dont beaucoup y sont encore actionnaires. Et, par ailleurs, en ce qui concerne les retraités, TOTAL devrait participer plus conséquemment aux compléments de retraite de ses salariés, comme la société sait le faire pour ses cadres dirigeants !

Oui, comme le SICTAME-UNSA-TOTAL l’a déjà écrit, il faut que TOTAL lutte contre la crise et contribue encore plus à l’usage raisonné des ressources hydrocarbures ainsi qu’au développement du panier énergétique dans une perspective de développement durable respectueux de l’environnement.

A vous, Monsieur le Directeur général, de décliner les axes de la lutte, de l’usage, du développement !

Monsieur le Directeur général,  sans écouter le chant de toutes les sirènes qui se manifestent présentement,  en avant pour une Fondation de Solidarité nationale qui fasse plus que la nécessaire sauvegarde des dugongs !

Mais, un doute se fait jour, allez-vous pouvoir mettre en place cette solidarité souhaitée alors que vous demandez à toutes vos équipes de faire des économies de 20% sur les dépenses de fonctionnement (les OPEX : opérative expenditures) parce que pour cause de crise, TOTAL n’est pas sûr de faire d’aussi bons résultats en 2009 qu’en 2008 ?

C’est la réduction de voilure imposée par le prix du baril, ce qui fait dire à Bernard Butori2, Délégué Syndical Central UNSA-TOTAL :

« Tous les projets en cours sont repassés à la moulinette de façon à en apprécier la rentabilité compte tenu de la nouvelle donne ». Conséquemment, les abandons et retards affecteront aussi les projets sur les énergies renouvelables comme l’amont photovoltaïque !

  • A Pau et Paris, une salle de vidéoconférences dédiée aux syndicats dans le but de réduire les voyages, sera opérationnelle. Encore que cela va sans doute obliger à renégocier les moyens syndicaux attribués protocolairement dans le droit syndical ?
  • A Lacq, cette politique fait déjà des dégâts du côté de la sous-traitance relate LMS (Lacq Maintenance Service) et comme c’est TOTAL qui fait vivre le bassin, quelle sera l’étendue des dégâts en 2013 ? Et quid de l’après 2013 ?
  • Et ailleurs ?

Assurément, lors de la prochaine présentation des résultats, Monsieur le Directeur général sera moins gêné, le Rubicon ne sera plus aussi difficile à franchir. Encore que, c’est à voir, puisque la politique qui se met en place en 2009 a pour but de tenter de faire aussi bien que l’année 2008 ! Mais cette politique ne devrait pas faire l’impasse de la mise en place d’une Fondation porteuse d’une bonne image de TOTAL qui, en cette année 2009 risque d’être mise à mal par le très ou trop médiatisé procès d’AZF3 dans lequel la société  pourrait être citée à comparaître.

Vous et nous, faisons face à toutes les adversités et bonne année à tous.

A suivre …

1 : Expression attribuée à Jules César lorsqu’il a franchi le Rubicon.

2 : Interview de B.Butori paru dans la République  de Samedi 21-Dimanche 22 février 2009.

3 : AZF quelques rappels :

L’usine Azote Fertilisant (AZF), située à Toulouse et jouxtant la SNPE (Société nationale des poudres et explosifs) appartenait à la SA Grande Paroisse filiale de TOTAL a été le lieu d’une explosion le 21 septembre 2001 à 10h17. La déflagration, l’équivalent d’un séisme de 3.4 degrés sur l’échelle de Richter a creusé un cratère de 10m de profondeur et 50m de diamètre. Le bilan est lourd : 31 morts dont 21 dans l’usine, 2.500 blessés, 20.800 personnes concernées par des dossiers de dommages corporels, 30.000 logements endommagés par le souffle.

Selon le rapport d’expertise, l’explosion a été déclenchée par un mélange malencontreux de quelques kilos de DCCNa (dichloroisocyanurate de sodium) avec 500 kg de nitrate d’ammonium, déversé sur un stock de 300 tonnes de nitrate d’ammonium, un quart d’heure avant l’explosion.

Pour la première fois en France, un procès en correctionnelle est filmé et enregistré. Pour accueillir un millier de personnes, le procès se tient dans la  salle municipale Jean Mermoz aménagée à cet effet et prêtée gratuitement par la Mairie de Toulouse.

Le dossier d’instruction comporte 53.820 pages et pèse 109 tonnes,

  • 2.949 plaignants,
  • 1.813 parties civiles, à la date d’ouverture du procès,
  • 1.103 témoins entendus,
  • 12.000 expertises médicales,
  • 60 avocats présents et des dizaines d’experts attendus à la barre.

Coût du procès : 7,6 millions d’euros dont 3,739 millions de frais de justice pour l’enquête d’instruction et 3,8 millions estimés pour le jugement.

Montant des indemnisations versées par TOTAL (au 1er janvier 2009) : 1 954 342 660 euros portant sur un total de 87.000 dossiers (71.000 dossiers de dommages matériels et 16.000 dossiers de dommages corporels concernant 20.800 personnes).

Le procès doit durer 4 mois, le terme est prévu au plus tard le 26 juin et le délibéré devra être rendu dans la deuxième quinzaine de novembre 2009.

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