Pendant l’été, le Tour de France cycliste s’étire sur les routes et les médias nous rassasient avec les exploits des maillots, jaune, vert, blanc à pois rouges tandis que le bon peuple bravant pluie ou soleil, applaudit aux prouesses des as de la petite reine. Les accros connaissent par cœur les noms de leurs champions, les couleurs de leurs sponsors, et les supputations sur le prochain vainqueur d’étape vont bon train… Mais, le vent vient-il de nordir ?
Les échappées s’en trouvent-elles facilitées ?
C’est à croire car, un cycliste inconnu porte une attaque aussi soudaine qu’imprévue mais décisive ! Le maillot bigarré de jaune, de bleu et de rouge s’extirpe du train-train du peloton et dame le pion aux as de la petite reine.
Mais qui c’est-y donc ? Les pseudo-sachants, spectateurs du bord de route, lancent à la volée des noms, des prénoms, des surnoms, des alias, des sobriquets, des épicènes : c’est Christophe, c’est Gabriel, c’est Jean-Marie, c’est « big moustache », c’est Total, c’est le PDG de Total ! A l’arrivée celui-ci, triomphateur, se lâche lors d’une interview en offrant cette envolée aux médias :
« Si on ne répercute pas la hausse du baril, la boîte coule ! ».
Quel flop au moment des départs en vacances. Et, les échotiers satiriques vont se régaler en lui consacrant la une de leur journal sans oublier de le croquer, lui qui est un fin portraitiste, caracolant sur un vélocipède !
En définitive et pour faire bref, saluons tous les clients de la Compagnie qui, en consommant les produits de la maison, ont contribué à sauver notre Entreprise. Merci à eux et merci à notre PDG, qui a sué le burnou pour sauver la boîte. Il paraît que certains l’auraient critiqué ? Ceux-là ont sans doute tort car quel autre PDG du CAC 40 a osé sortir du peloton pour motiver le bon peuple autour d’un plan audacieux visant à sauvegarder la Société qu’il manage ? Pour lancer une telle petite phrase, notre PDG sortait-il de majlis trop arrosés de thé à la menthe ou d’agapes pétrolières lors d’une conférence Bilderberg ? Sans doute que non, risquons avec respect une analyse :
- il est viscéralement attaché à Total car il n’y est pas venu par hasard. Il, se plait-il à dire qu’il a choisi cette enseigne « uniquement parce que c’était l’entreprise la plus proche de chez lui» !
- il est empreint de la « Total Attitude » et soucieux de coller pile poil à ses 4 points forts :
o Ecoute : encourager la liberté de parole. Ça colle… revoir sa déclaration !
o Solidarité : s’informer sur la vie du Groupe pour mieux comprendre ses positions et pouvoir les défendre en externe…chercher des solutions concrètes…. Ça colle là aussi : jugeant que la société court un danger, il informe l’extérieur et propose une solution !
o Transversalité : s’efforcer de travailler avec les autres métiers… Ça colle là aussi car il a bossé avec ses analystes, les ministères, etc.
o Audace : Ça colle parfaitement, car il a pris le risque de froisser tous les vacanciers et certains personnages importants de l’Etat français… dit-on !
Donc, les journalistes n’ont rien capté. Ce jour là, le vainqueur de l’étape n’a fait que mettre en selle les préceptes de sa maison et depuis il fait montre de générosité en reversant pour les pauvres une partie de sa prime d’étape !
PDG est un épicène, il s’emploie quel que soit le sexe du PDG !
Big moustache est un sobriquet utilisé par les journalistes et notamment Charles Emmanuel Haquet dans son article sur « Les réseaux de C. de M. »