Tel le stryge 1 de Notre Dame qui surveille le parvis, je feuilletais la presse en attendant le bateau qui me ramènerait du plus petit condominium 2 du monde vers la France. Et, je suis tombé sur un média populaire qui
informait son lectorat de ce qui se passe dans la chaîne de traitement du cochon !
Du Bolkestein dans le goret !
M’est alors revenu en mémoire que nous avions déjà parlé de la directive Bolkestein dans les Cahiers et, revoici, revoilà que le cochon, la coche, le goret ou le porcelet vont m’amener, bien modestement, à en reparler.
Et oui, nous voilà dans le monde du travailleur détaché, environ 300 000 travailleurs européens détachés aujourd’hui, d’après le ministère. Et parmi eux, il y a 15 000 français, habitant l‘hexagone mais, employés d’une
boîte étrangère, ils travaillent comme détachés dans leur propre pays sur des marchés négociés en France.
En bref, la directive Bolkestein renforcée par la directive européenne Lisbonne 96/71/CE de 1996 sur les travailleurs détachés prévoit que le salaire est soumis au droit du travail du pays d’accueil, sauf s’il lui est moins favorable et que les cotisations sociales relèvent, quant à elles, du pays d’origine.
C’est une cochonnerie que cette guerre du goret et, pourquoi ? Parce que les directives européennes sont transgressées sans vergogne et que nos amis d’outre Rhin font du dumping social en utilisant dans leurs abattoirs
à porcs des travailleurs ‘low cost’ venant de l’est, beaucoup moins payés (moins de 5 €/heure) que les saigneurs bretons.
Reviennent alors à la surface les spectres du plombier polonais, du maçon portugais, de l’ouvrier agricole roumain qui n’ont pas l’air de faire peur à la gouvernance de la maison qui va délocaliser quelques collaborateurs TOTAL sous la bannière de l’Union Jack ? J’espère qu’ils ne sont pas dans le cas de ces travailleurs low-cost, ce serait vraiment une cochonceté !
En effet, le 5 août, le groupe Total TOTF.PA a confirmé sa décision de transférer à la fin de l’année la gestion de sa trésorerie et sa communication financière à Londres, tout en minimisant un mouvement qui ne concernerait au plus que 70 personnes sur un groupe de 100 000 ! Le directeur de la trésorerie et le directeur de la communication financière partiront pour Londres avec leurs équipes, mais le directeur financier resterait à Paris.
« L’idée, c’est de se rapprocher de Londres, qui est la place financière et pétrolière en Europe, pour permettre au groupe d’améliorer sa visibilité internationale », a déclaré un porte-parole du groupe et comme cette décision risque d’irriter le gouvernement français, Total a fait savoir qu’il continuerait à payer ses impôts en France. Le groupe a versé au fisc 1,2 milliard d’euros en 2012, a souligné le porte-parole Total.
(Reuters 5 août 2013)
Bon, si tout le monde est content et bien nous aussi et comme c’est le mois du gras profitons de la cochonnaille !
1 – Stryge : chimère, sans doute la plus célèbre de Notre Dame de Paris.
2 – C’est l’Ile des Faisans. Depuis le traité de Bayonne de 1856, sa co-souveraineté est assurée par le Commandant maritime de la région de Bayonne (COMAR) pendant 6 mois et par son homologue de San Sébastien
pendant les 6 autres mois. Le titre de ‘vice-roi’ conféré aux commandants locaux des marines a été maintenu et ils continuent à surveiller les lignes frontalières entre France et Espagne. (Pierre Loti fut un de ces vice-rois).
L’île n’est accessible qu’au moment des journées du patrimoine et encore … pas tous les ans !