La société TE&PF vient de commémorer le cinquantenaire de la mise en production de l’Usine de Lacq. La commémoration interne s’est déroulée le 15 juin 2007 à Lacq et les anciens (via l’APETRA qui a été sollicitée) y tenaient un stand pour répondre aux questions des plus jeunes et distribuer une plaquette axée sur quelques évènements du passé. (Plaquette créée par les membres de l’APETRA et financée par la communication de TE&PF).
La commémoration officielle se déroulera le 25 juin 2007 à la Mairie de Lacq, en présence de Monsieur le Préfet qui inaugurera , ce jour là, le rond-point routier de Lacq au milieu duquel trône une ancienne pompe à balancier ou à tête de cheval, c’est selon..
Vous qui n’avez pas pu assister à ces manifestations, voici, ci-dessous, un extrait du texte que j’ai produit pour être un des supports utilisés lors des interventions des anciens au cours de ces manifestations.
Je vous en souhaite bonne lecture.
« Les flammes me surmontent et, furieuses, tourbillonnent dans les airs »
(Enéïde, livre II, vers 759 »
Bien heureusement, les flammes ne sont pas souvent furieuses et l’édifice des torchères ne tremble que rarement de passions enchaînées.
Au contraire, les torches sont devenues pour ceux qui vivent auprès d’elles, l’organe qui règle comme il le faut les intimes mouvements des Unités de fabrication de l’Usine de Lacq, qui délivre parfois d’angoisse ce corps difficile qu’est une usine de traitement de gaz.
Tempérant les émotions, apaisant les irritations de fluides décidés à ne pas se laisser conduire et maîtriser à travers les colonnes, les ballons, les échangeurs, les fours et les tuyauteries, elles donnent à l’Usine de Lacq un rythme de marche, de respiration, de cœur, elles sont sa feuille de température et de bonne santé.
(S.N.P.A Lacq Bulletin Technique n°31 Juillet 1961)
Mais avant d’en arriver là, quelle histoire !
« Nous attendions, depuis le 20 juillet 1808 au soir, l’Empereur et l’Impératrice. … Toute la route de Puyoo à Artix était couverte de gens de la campagne qui y avaient passés la nuit pour attendre LL.MM….des feux de joie allumés sur les hauteurs, de distance en distance, présentaient un effet charmant : arrivés à Lacq, vis à vis d’un de ces feux qui lui rappelaient de glorieux bivouacs, l’Empereur a fait arrêter ses voitures, …, et S.M. ayant une cafetière à la main a été elle-même la placer sur le brasier ».
(Journal des Basses-Pyrénées n° 426 du dimanche 31 juillet 1808)
Prémonition ?
Cent cinquante ans après l’Empereur, bien d’autres visiteurs, illustres ou anonymes, s’arrêteront à leur tour devant les brillants feux de Lacq ! Les torches ont pris le relais et M. Sallenave, maire de Pau de dire : «Messieurs, je suis heureux de vous accueillir au pays où le bon roi Henri inventa la poule au pot et où la S.N.P.A. découvrit, plus tard, le gaz pour la cuire ! »
Et, pour essayer de mieux la comprendre, replongeons nous dans le passé.
Avant 1939, le public ignorait Lacq, sauf quelques paisibles pêcheurs qui venaient taquiner la truite et le saumon et sourire devant les écriteaux placés devant les ponts : « Défense aux troupeaux sans gardiens de franchir le pont » (Jean Larteguy ne dit pas de quel pont il s’agit, peut-être le pont d’Arrance construit en 1937 ?).
Il existait bien des bitumières, la fontaine de Saint Boès, il y avait bien eu du remue ménage avec la première société minière de Monsieur Lestage mais, les béarnais de la campagne étaient retournés à leur petite vie tranquille.
au printemps les filles riaient plus fort.
en été venaient les touristes.
en automne passaient les palombes (à l’UDL, la Direction du personnel était dans l’obligation de tenir compte d’un fort taux d’absentéisme du à la chasse de ces migrateurs bleus… et à cette époque, le nez en l’air, on pouvait admirer quelques vols au dessus de l’usine! NDL) et les jeunes gens faisaient connaissance dans la ‘peloque’ de maïs pendant l’espérouquère.
en hiver on faisait confire les foies d’oie et/ou de canard et les longes de porc. »
Le Béarnais est pauvre mais il est de bonnes maisons » disait Henry IV des siens !
Cela a-t-il changé ?
La terre n’est pas à tout le monde. Le passage d’un géologue de surface, cet étrange chemineau qui doit se nourrir de terre et de cailloux là où les gens plus raisonnables récoltent les champignons et les escargots, n’est que le début d’une aventure génératrice de remous. La géophysique passe avec ses fils et ses camions, puis c’est le tour des foreurs qui trouent la terre. Et, comme en France le sous-sol appartient à l’Etat, on peut imaginer la frustration du paysan qui voit jaillir l’or noir sans toucher des royalties ‘(sauf la location du champ où est implanter le derrick, plus une indemnité de remise en état). Imaginez sans peine les négociations qu’il a fallu pour acquérir tout ce foncier … mais pratiquement toutes les négociations ont connu un arrangement à l’amiable. Même l’association syndicale foncière du Béarn et du Pays Basque qui négociât bien ders achats ou ventes à l’amiable tant il est vrai que les béarnais sont réputés francs et ouverts. Il est vrai qu’au début quelques journalistes s’étaient un peu allumés en parlant de Texas Français ce qui eut quand même pour effet de susciter des espoirs de richesse rapide.
Cette frénésie pétrolière n’est pas récente. Reprenons en la genèse.