La Résistance

a) Deux figures de légende :

Pierre Angot, un commingeois, né en avril 1902 à Montrejeau, major de Polytechnique, ancien des Mines était,  à partir de 1936, Directeur Administrateur et Directeur Général adjoint de la Steaua Romana, société roumaine contrôlée par des capitaux français.

Il  revient en France en octobre 1940, transitant par Beyrouth, il arrive à Marseille avant de rejoindre Paris et va organiser le “métier pétrolier” même si on ne fore pas beaucoup :

  • parce qu’on n’a pas les outils pendant la guerre et,
  • parce que le travail est désorganisé en France à cause du S.T.O (Service du Travail Obligatoire) qui déporte en Allemagne des jeunes ouvriers. Heureusement, beaucoup de jeunes “commingeois” étaient  souvent engagés par la Société R.A.P. pour les soustraire à cette déportation.

Arrêté par la Gestapo peu après le débarquement des alliés, déporté en Allemagne quelques jours après la libération de Paris, il meurt d’épuisement en janvier 1945, à l’age de 42 ans, à la mine de sel de Silésie à Plömnitz du côté de Weimar.

Lors de l’Assemblée Générale de la Société, le 17 octobre 1945, Monsieur André Blanchard, nouveau Président dira : Pierre Angot était déjà suspect pour avoir participé pendant la guerre à un plan de destruction de l’industrie pétrolière roumaine. Il a élaboré, avec d’autres ingénieurs français retenus en Roumanie, un plan de destruction de l’industrie pétrolière roumaine qui aurait été mis en œuvre en cas d’invasion de ce pays par l’Allemagne. Les roumains demandèrent à négocier des indemnisations en compensation des dommages qu’occasionnerait l’exécution éventuelle de ce plan. Les pourparlers avec le gouvernement roumain étaient en cours au moment où les allemands envahirent la France en mai 1940 et ils s’emparèrent, à La Charité-sur-Loire des archives du G.Q.G français et découvrirent, hélas, le plan roumain et les noms de ses auteurs. Le gouvernement de Bucarest penchant du côté allemand arrêta les auteurs du plan et les expulsèrent vers la France. Pierre Angot rejoignit la métropole en passant par la Turquie et le Liban.

A son retour en France, il se refusa obstinément, en dépit des dangers d’une telle attitude, à signer le contrat que la Kontinental Oel voulait conclure avec la R.A.P. pour s’immiscer dans ses entreprises. Bien que la K.O. signe le 3 septembre un accord avec le gouvernement de Vichy, Pierre Angot a tout fait pour écarter la K.O. des zones de Gensac où des indices avaient été trouvés. Les allemands l’accusaient de sabotage !

“Par la suite,…, il s’ingénia pour que la nouvelle de l’occupation de Saint-Marcet réalisée par les F.F.I (Forces Françaises de l’Intérieur) dans la nuit du 6 juin 1944, parvint le plus tard possible aux Allemands, espérant ainsi soustraire à leurs représailles les auteurs de cette action qui appartenaient pour la plupart au personnel de la Régie. Les Allemands n’en eurent connaissance que quelques jours après et quand ils arrivèrent à Saint-Marcet, le maquis s’est volatilisé en emportant une provision d’essence. Le commandant allemand ne pouvait admettre que le maquis soit protégé par les dirigeants de la Régie. Alors compte tenu de son passé et de cette affaire du 6 juin, il fût arrêté et envoyé à Fresnes puis, quelques jours avant la libération de Paris, dans un des derniers convois fût envoyé à Buchenwald le 15 août 1944.”

“Son intransigeance patriotique et le souci des hommes dont il avait la charge l’auront ainsi conduit à l’un des bagnes …”.

Il repose au cimetière de Prölistz où, les Américains, à leur arrivée, ont fait enterrer par les habitants les corps des déportés décédés.

Son fils François a travaillé à la S.N.P.A à l’Usine de Lacq.

Georges Barthe, un “commingeois” né le 5 décembre 1914 à Labarthe de Rivière. Ingénieur des Arts et Métiers, le lieutenant Barthe est gravement blessé à l’œil et à l’arcade sourcilière durant la bataille de l’Aisne en 1940, fait prisonnier, emmené en Belgique puis à Berlin où il fut opéré avant d’être rapatrié en novembre 1940. Il devient Chef de Chantiers de Jeunesse à Gabarret (Landes), puis à Bénac (Arriège) en 1943 et dans le Puy de Dôme où il préfère démissionner plutôt que de désigner un certain nombre de ses jeunes pour les envoyer travailler en Allemagne au Service du Travail Obligatoire (S.T.O). Revenu à la vie civile, il est engagé à la R.A.P. en tant qu’ingénieur sur le chantier d’Aulon/Saint-Marcet. L’officier qu’il est, est aussitôt contracté par l’Organisation de Résistance Armée (l’O.R.A.) et les parachutages s’organisent puis, en 1944, il partira combattre avec le Corps Franc Pommiès … En avril 1945 à Stuttgart, une grenade lui tranche la trachée artère, le médecin du Corps Franc, le docteur Tillard, de Tarbes, stoppe l’hémorragie et le traite efficacement avec la nouvelle arme miracle : la pénicilline. Fin 1945, les combats se terminent et le guerrier revient dans le Comminges. Dès novembre 1945, Monsieur Maratier, le créateur de la Société Forex, prend auprès de lui son ami du Corps Franc ; la Forex travaille alors à Saint-Gaudens pour la R.A.P. Cinq ans plus tard, en 1949, la Forex quitte Saint-Gaudens et va s’installer à Billères, près de Pau. En 1946 il est Directeur adjoint de la Forex à Paris, de 1970 à 1973 il sera Directeur général de la Forex. En 1973, Forex et Schlumberger fusionnent, l’entreprise devient gigantesque et de ce fait, n’a plus les mêmes qualités de relations humaines : Georges démissionne.

Aussitôt, Elf le prend comme Conseiller pour le Moyen Orient

Il s’éteindra le 11 décembre 1993.

Son fils Pierre est ingénieur chez Sanofi, son fils Dominique était Directeur du Forage chez Total.

Georges, il ne commandait pas, on le suivait !”

(Eloge de Denise R.-Couret prononcé le 28/12/1994 à l’Académie Julie Sacaze.)

Addendum : Georges Barthe a épousé Jeanne Couret sœur du Lieutenant Couret mort en sautant sur une mine à la bataille d’Aulun. Les familles étaient très proches et Denise Couret note que c’est, sans doute en souvenir de cet ami que c’est auprès du Bureau d’Assurances Couret à Galié que seront assurés les Pétroliers de Saint-Gaudens, de Lacq et en particulier le personnel de la Société Forex en France et sur les plateformes installées de par le monde. Une fois de plus Barthe avait retrouvé Couret !

b) Les héros de la R.A.P.

Beaucoup de stèles dans la région rappellent les hauts faits de la Résistance autour de Saint-Marcet.

Parmi eux, celui auquel participèrent quatre employés de la R.A.P.

Au détour du chemin, croisement des routes de Saint-Marcet, Cassagnabère, Aulon, ce furent quatre agents de la régie autonome des pétroles qui donnèrent leur vie le 8 juin 1944 : Jean Barbiéri, Fernand Bergère, Raymond Patricio, Louis Schneider.

Ces hommes faisaient partie du maquis de Cassagnabère, unité du Corps Franc Pommiès qui s’est couvert de gloire au moment des combats décisifs de l’été 1944.

La veille du débarquement de Normandie, la  radio de Londres,  avait lancé le message tant attendu “Véronèse était un peintre…” puis “Le Père la cerise était verni…” messages qui annoncent une opération imminente, ceux du maquis doivent  se rendre à Boulogne pour prendre le petit train (aujourd’hui disparu) qui doit les amener au maquis du Gers où va commencer l’aventure du Corps Franc Pommiès.

Une trentaine de maquisards, dans deux camions,  sont  arrivés le 7 juin 1944 sur le chantier de Saint-Marcet pour se ravitailler. Le 8 juin 1944, sans doute renseignés par un milicien, les Allemands cantonnés à Saint-Gaudens montèrent, au petit matin, une embuscade sur cette route avec d’énormes moyens. Le convoi des maquisards part de Saint-Marcet à 7h30, chargé d’hommes, de vivres et  de matériel et  tombe dans l’embuscade aux alentours de 08h00. Les 2 véhicules sont accueillis par deux cents allemands équipés d’une auto-mitrailleuse et de fusils-mitrailleurs. Dans le premier véhicule, Bergère et Berbiéri sont tués sur le coup, Patricio blessé reçoit le coup de grâce, Schneider lance une grenade et est abattu, Léon Kleindienst blessé à une cuisse, peut s’éloigner à la faveur de la confusion. La deuxième camionnette réussira à décrocher dans la forêt tout proche. La population d’Aulon vint immédiatement  recueillir les quatre tués et récupérer le blessé. Kleindienst qui, camouflé dans un tombereau, sera conduit au cimetière d’Aulon où il sera récupéré par le docteur Bergès de Saint-Gaudens qui l’amènera à l’hôpital. Huit jours après, les Allemands encerclaient l’hôpital pour récupérer le blessé et encore une fois, Léon Kleindienst eut la chance d’être caché par le directeur et le personnel de l’hôpital de Saint-Gaudens.

A la Libération, les corps des agents de la R.A.P. inhumés dans la fosse commune furent exhumés et placés dans le caveau construit par la R.A.P. au cimetière d’Aulon.

De leur côté, les maquisards de la forêt de Cassagnabère rejoignaient en grande partie les contreforts montagneux d’Arbas où se trouvait le maquis de “La Baderque, dans lequel de nombreux agents de la R.A.P., dont Monsieur Cauchois, ancien Directeur de la Production s’étaient enrôlés.

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