Bof

Bof

Ah, les vacances! Moments privilégiés pour se ressourcer dans sa ‘querencia’ d’été et y faire le plein d’énergie

en prévision des corridas pré programmées de la rentrée sociale !

Dans ma ‘querencia’ de Bondigoux1, un personnage curieux, sculpté à la tronçonneuse dans un arbre, lance vers le ciel ses bras démesurés. Espoir, désespoir ? Dernier recours ? Imploration divine, puisqu’au ras des pâquerettes tout cafouille et à l’horizon, pas un bon samaritain pour trouver une solution, pas une élite mâle ou femelle pour nous sortir de l’ornière ?

Il faut dire que les fabriques d’élites, subissant de plein fouet les nombreuses réformes pseudo intello-politicogouvernementales et les digérant mal, ne produisent plus exclusivement le ‘top-niveau’ de la nation. Pour preuve, l’équation donnée en en-tête d’édito et dont la résolution a donné maints tracas à des chères têtes soi-disant blondes et soi-disant bien remplies dans les Grandes Écoles de notre République.

A Bondigoux donc, pour distraire l’intergénérationnel, trône un poste de TV au salon et, ce soir là, c’était culturel obligatoire pour toute la carrée. En effet, apparaissaient sur l’étrange lucarne, des élèves de Grandes Écoles de notre cher pays qui s’affrontaient à coup de questions de culture générale, afin que leur école soit déclarée « championne » de l’émission soap-opéra qui avait notre audience.

Heu, Grandes Écoles, il y avait un peu de tout quoi, comme dans le mesclun, de la prestigieuse École Polytechnique à une modeste École de Commerce, en passant par les blouses blanches des vétérinaires.Enfin soit, silence dans les rangs, nous voici dans une phase éliminatoire avec une miss de l’École Polytechnique contre un gugusse d’une École de Commerce ; et l’animateur souriant pose la question de calcul mental qui devait faire briller tel ou telle (surtout telle) : combien font ?

Alors là, silence pesant dans les rangs, c’est la Bérézina, la petite de Polytechnique a bien de la noblesse, de la classe dans son costard trois pièces (avec bottes et chapeau en plus) mais la pauvrette s’apalliouffre 2 (comme disent les Andouquoises3) brutalement, se prend le neurone dans le bicorne et ne produit pas, à l’étonnement général, la bonne réponse. La gueule dans les rangs de ‘Polytech’! Hou là là ! Elle sera privée de rata, la pôvre, c’est sûr !

(Au passage, n’est-il pas ?)

Son concurrent, un tantinet fumiste risque un 17,5. « C’est proche de la solution », s’exclame l’animateur et du coup ce concurrent passe pour un vainqueur et profite pleinement de sa prestation à la TV en adressant un coucou à sa maman et à sa belle-maman qui regardent, à coup sûr, l’émission depuis leur chaumière en sirotant leur ‘antésite’. Mais baste, le cœur n’y est plus, les candidats pataugent dans le guano et n’arrivent pas à fournir, même après plusieurs tentatives, la bonne réponse de cette foutue équation.

(Au passage, , n’est-il pas ?)

J’avais, je l’avoue, une présomption favorable envers cette demoiselle. Et bien, me voilà déçu par celle sur qui j’avais jeté mon dévolu en la présupposant championne ; elle n’a pas surmonté l’épreuve et cela m’interpelle !

1 BONDIGOUX – 31340 : un orme, qui peut-être vit passer Henri IV allant à Villemur-sur-Tarn, donnait des signes de fatigue. Les ormes peuvent vivre 500 ans et ont été massivement plantés en France sous François 1er et Henri IV ; notre orme champêtre était plus jeune, puisque planté « Arbre de la Liberté » sous la Révolution, au lendemain de l’indépendance de la commune en 1791. Il était devenu « Arbre des Rogations » (processions religieuses et champêtres pour protéger les récoltes), avant de céder à la graphiose (maladie typique de l’orme), alors que son espèce résistait aux coléoptères depuis des millénaires. Un artiste local a décidé, il y a une dizaine d’années, d’en faire le support d’une œuvre et il a eu l’idée de sculpter un « homme debout » en composant avec le tronc et des branches de 2 à 3 mètres s’élevant à la verticale du tronc. Le sculpteur local, Yves Lagarde, a nommé son œuvre : « Supplication pour un monde meilleur … ». Dans la région, plusieurs arbres encore verts ont été sculptés de la sorte avant de devenir du bois mort. Hélas, pour les conserver, ils sont aujourd’hui enduits de laine de verre et de résine synthétique.

2 S’apalliouffrer : se dit d’une personne qui s’étale comme une … botte de paille que l’on jette dans l’étable ou l’écurie pour faire la litière et qui s’écrase au sol en s’éparpillant. Expression employée en langue d’oc, principalement dans le Tarn et l’Aveyron, et notamment du côté de la commune d’Andouque.

3 ANDOUQUE – 81350, près du prieuré du Puy Saint-Georges (507 mètres) : commune du Ségala qui a la particularité de n’avoir aucun hameau qui porte ce nom, donc pas de localisation précise sur les cartes IGN, et pas de bistrot ; mais elle a un code postal, une mairie, une église, une école et un cimetière dans un hameau appelé ‘Ligots’ (fagotins de bûchettes) qui, lui, est bien localisé sur une carte IGN, mais n’a pas de code postal. Andouque vient du nom d’un personnage gaulois « Andoca » et la commune tire son nom d’une seigneurie dont il reste, dans une boucle de l’Andouquette, un donjon du Xème siècle et des souterrains. Pauvre commune, référencée en 1790 (municipalité d’Andouque, canton de Valdériès, arrondissement d’Albi), dépecée le 10 février 1811 d’une partie de ses territoires et qui reçoit le coup de grâce le 17 juillet 1905 en perdant le reste de son territoire.

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